Lapa(s)

Publié le par Juliette Delattre

Le quartier de Lapa, à Salvador, ne ressemble ni de près ni de loin à son homonyme carioca (de Rio), peuplé de bars animés jusqu´au petit matin, haut lieu de la "malandragem" incarnée par Chico Buarque dans les années 70 (le malandro, spécialité locale, est un voyou poète, porté sur l´alcool, les jupons et la musique, sans ordre d´importance). Niché sous les arcs de l ´aqueduc qui a cessé d´acheminer l´eau potable depuis belle lurette pour servir de voie au petit tramway de Santa Teresa, le paté de maisons délabrées résonne de sambas-de roda dès le vendredi soir, pour ne s´assoupir que le lundi venu...

À Salvador, Lapa est un terminal de bus, une sorte de Châtelet à ciel ouvert, congestionné en permanence, où les vendeurs ambulants font siège armés de sacoches de glaces, de barbecues transportables, de barriques en alu pleines d´épis de maïs et de pamonhas (gâteau de maïs cuisiné avec de la noix de coco), de CD pirates, de parapluies, chouchous, bonbons, canettes... 

Le coin n´est pas particulièrement pittoresque mais son étrange animation me plaît. Terrain fertile : ces maisons en briques caractéristiques des quartiers populaires, surgissent d´un jour à l´autre, bâties dans la nuit, à la va-vite. Il n´est pas étonnant de découvrir à chaque passage de nouvelles constructions qu´on a même pas pris le temps de peindre, promptes à accueillir un commerce au RDC et sans doutes des familles à l´étage.

L´autre soir en passant, j´ai repéré une imposante façade, indiquant en grandes lettres peintes le siège de la  "Funerária A Criativa", magasin de pompes funèbres à l´imagination pétulante. En témoignaient les cercueils adossés au mur en rang d´oignon : les couronnes mortuaires déclinaient joyeusement les couleurs de l´arc-en-ciel.

Publié dans Salvador

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G
Vivent les malandros ! On aimerait lire un article sur chaque quartier de Salvador, avant d'y aller.
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